Le dilemme de ce début d’année à l’UPEC

Dans un mois, le jeudi 4 février 2016, les personnels et usagers de l’UPEC voteront pour désigner leurs représentants aux conseils centraux de l’université. Avec en toile de fond le projet de fusion entre l’UPEC et l’UPEM, le choix pour les personnels va vraisemblablement se résumer entre d’une part, les listes qui soutiennent l’actuelle présidence, et d’autre part, les listes soutenues par les syndicats comme SNESUP-FSU.

Je ne vous cache pas que ce choix me semble un peu restreint. Le bilan de l’actuelle présidence est décevant. Leur projet en 2012 était pourtant prometteur, je l’avais même soutenu à l’époque, mais le manque de concertation avec les enseignants-chercheurs et les personnels administratifs a donné lieu à de mauvais choix stratégiques et à de nombreuses erreurs de communication. Par exemple, dans un domaine que je connais bien, l’informatique, j’ai été très déçu par les décisions concernant la DSI, avec une absence de discussion en amont sur les réels besoins des utilisateurs. Comment choisir alors un outil adapté dans ces conditions ? Hélas, ce manque de concertation n’est pas propre à ce dossier, et se retrouve aussi sur d’autres sujets importants. Il suffit de voir les problèmes récurrents de dialogue centre-composantes, notamment en termes de dotations financières. Quant à la gestion des ressources humaines, l’installation d’un système de « badgeuse » me semble être la preuve évidente d’un manque de confiance envers les personnels et les chefs de service.

L’alternative ne semble pas être plus attractive. Au lieu d’être force de propositions, l’opposition n’est pas constructive. Je me souviens encore des blocages sur le budget à l’époque de la présidence de Simone Bonnafous. Et pourtant, sur certains sujets, les élus des listes d’opposition pointent de vrais problèmes, mais ils n’apportent pas de solutions raisonnables. Quelle université n’aimerait pas pouvoir augmenter le nombre de personnels, diminuer les contraintes et augmenter les primes ? Mais à quel prix ? Faute d’une gestion rigoureuse de leurs ressources, certaines universités en paient le prix fort aujourd’hui…

Face à ce choix, qui se limite à deux visions plutôt décevantes de notre gestion du quotidien, je me pose beaucoup de questions. Sans compter que l’UPEC va devoir prendre, dans le courant de l’année 2016, une décision qui va peut-être complètement changer son périmètre et son futur : la fusion avec l’UPEM. Même sur cet enjeu important, qui risque de bouleverser toutes nos habitudes dans notre environnement de travail, l’actuelle présidence n’a pas su mettre en place les conditions pour bien comprendre le projet et pour participer à la construction de ce projet de nouvelle université. Un site web a bien été mis en ligne, des réunions ont bien été organisées sur tous les sites, une maison de projet a même été créée. Mais dans quel but ? La concertation s’est résumée en réalité à des réunions d’information où tout le monde était mis devant le fait accompli, sous couvert de pseudo-concertation. Combien de temps gaspillé pour un projet déjà décidé ? Un projet d’une telle ampleur aux conséquences aussi importantes aurait dû être co-construit, afin de permettre à tout à chacun de se l’approprier. Une grande enquête aurait pu être lancée auprès de toute notre communauté universitaire pour poser les bases de la réflexion. Cette idée a tout de suite été écartée, pourtant une enquête de ce type avait été réalisée lors de l’auto-évaluation et cette démarche avait été plébiscitée à l’époque. Quant à la structure de la future université, l’affaire de la « schola » a montré les limites de la concertation. Alors qu’un vote était initialement prévu à ce sujet en juin 2015, la décision a été reportée sine die, en attendant les élections des conseils centraux. Quand je pense que le slogan des listes de l’actuelle présidence était Penser l’avenir, agir ensemble, je constate amèrement que la réalité du terrain nous a montré que c’est plutôt Renier le passé, décider dans son coin.

Concernant l’intérêt de la fusion UPEC-UPEM, je dois reconnaître que les arguments avancés jusqu’à présent ne m’ont pas vraiment convaincu face aux inconvénients d’une grosse structure. Après avoir subi le manque de bon sens de l’organisation des « méga-hôpitaux » comme le CH Sud Francilien, où j’ai dû faire trois files d’attente et remplir je ne sais combien de formulaires pour une simple consultation, je retrouve à quel point les mots « proximité » et « relations humaines » ont leur importance. Aucune réunion ne m’a permis de comprendre le véritable intérêt de la fusion UPEC-UPEM. Avoir une taille suffisamment grande pour être visible ? Ce ne sont pas 10000 étudiants supplémentaires qui feront la différence par rapport à 30000. Faire des économies en mutualisant ? Dans le cadre d’entreprises privées peut-être, mais dans le cadre d’universités publiques et avec les engagements des deux présidents de ne pas « forcer » la mobilité, je ne vois pas où on peut faire des économies. Proposer une offre de formation cohérente dans l’est francilien ? C’est déjà fait alors qu’on n’est pas fusionné. Avoir une meilleure visibilité en recherche ? Rien n’empêche des laboratoires de travailler ensemble. L’UPEC et l’UPEM font partie de la même COMUE, travaillent déjà en bonne entente sur le territoire, et arrivent à co-porter des projets. Qu’apportera donc cette fusion comme avantages par rapport à ce que nous sommes déjà capables de faire ? Mon impression est plutôt que, lors de ce long processus de fusion, nos deux universités ont des visions tellement différentes de l’organisation du travail que nous allons gaspiller beaucoup de temps et d’énergie pour mener à bien ce projet, au détriment de ce qui constitue notre coeur de métier : la formation des étudiants et la recherche.

Peut-être ma vision est-elle un peu pessimiste (malheureusement, il me semble qu’elle est réaliste), mais je n’ai pas eu l’occasion d’en discuter vraiment avec d’autres enseignants-chercheurs et d’autres personnels, à part dans le département d’enseignement et dans le laboratoire où je travaille. Il aurait été intéressant de pouvoir échanger avec d’autres, de confronter nos idées, de peser le pour et le contre. C’est pourquoi je me retrouve aujourd’hui face à un dilemme. Comme il semble peu probable qu’une troisième liste ne soit proposée le 4 février, le choix va se résumer à deux options : soit voter pour la présidence alors que leur bilan et leur méthode ne m’ont pas convaincu, soit voter pour l’opposition alors qu’elle ne semble pas constructive. Je trouve dommage qu’au XXIème siècle, dans un pays démocratique, l’offre en termes de vision stratégique pour une université soit aussi limitée. A ce jour, je n’ai pas envie de signer un chèque en blanc à l’actuelle présidence. Lors du dernier vote en 2012, les listes de la présidence ont obtenu une large majorité au conseil d’administration grâce à la prime à la majorité donnée à la liste arrivant en tête dans chaque collège, et par conséquent, l’opposition était inaudible. Je pense donc voter cette fois-ci pour les listes d’opposition afin de contre-balancer le poids de la liste majoritaire. L’idée est de limiter l’avance en termes de sièges afin de créer les conditions pour un vrai « dialogue » entre majorité et opposition au sein du conseil d’administration.

Vous l’aurez compris, c’est un choix à contre-coeur plutôt que d’adhésion auquel je suis confronté aujourd’hui. Je le regrette, mais cela me semble la meilleure option à l’heure actuelle pour espérer d’avoir un minimum de concertation dans les futurs débats qui se poseront aux conseils centraux. Cependant, les résultats des élections à l’UPEM en décembre 2015 me semblent révélateurs. Si les modalités de scrutin ont clairement favorisé les listes soutenant le président Gilles Roussel pour obtenir une majorité, une analyse plus fine des résultats montre que 54% des personnels, toutes catégories confondues, se sont exprimés CONTRE la fusion…

Et vous, qu’en pensez-vous ? Ai-je tort de vouloir voter contre la présidence de l’UPEC pour rééquilibrer les pouvoirs au sein des conseils centraux ? Suis-je pessimiste ou réaliste en pensant que la fusion va nous apporter plus d’ennuis ensemble qu’en restant séparé ? Suis-je le seul à trouver que le choix entre ces deux listes est plutôt limité ?

 

NB: la politique de modération sur ce blog est basée sur des règles de bon sens : respect et courtoisie. Merci et au plaisir de vous lire ou de discuter avec vous prochainement ! 

 

À propos Frederic GERVAIS
Enseignant-chercheur en informatique

6 Responses to Le dilemme de ce début d’année à l’UPEC

  1. un enseignant chercheur says:

    t as raison de t’interroger…Roussel est surtout guidé par le sens du vent et l’effet de ses dents sur le plancher…

  2. Capitaine Nemo says:

    Y aura-t-il une deuxième liste ? Il reste un mois et nous n’avons toujours pas d’annonce …

  3. Je suppose que oui. C’était le cas il y a 4 ans ! La date limite pour déposer les candidatures est le 21 janvier, nous aurons la réponse après cette date.

  4. Un MCF très déçu says:

    100% d’accord. J’ai participé à une rencontre NoU, que du blabla et rien de concret. Sur un projet aussi important, pourquoi ne sommes-nous pas consultés ???

  5. Steve Jobs says:

    Je vous recommande de lire l’étude suivante :

    http://www.uha.fr/fichiers_telecharger/fichiers-divers/etude-sur-les-fusions-universitaires-a300-le301tranger-vf.pdf/attachment_download/file

    Je cite : « Toute stratégie définie « en chambre » court le risque de passer à côté de pistes intéressantes, de susciter des craintes ou un rejet, ou d’avoir un impact transformant restreint ». C’est ce qui risque de se passer pour UPEC-UPEM. Le cas de Copenhague est exemplaire, avec un brainstorming rassemblant 1500 enseignants-chercheurs. Pourquoi ne pas faire la même chose ici ???

  6. Les listes ont été déposées aujourd’hui avant midi. On attend la validation officielle par la DAJG. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’à moins d’un imprévu, une troisième liste sera effectivement proposée, et je serai sur cette liste, dans le collège B du CA.

    Je vous donnerai prochainement des nouvelles sur cette liste, appelée « Quelle gouvernance pour quelle université ? », que je soutiens, et qui reprend en grande partie les arguments que j’avais évoqués dans cet article.

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